vivre cet autre qu’on n’est pas censé devenir l’enfant de sable de tahar ben jelloun

L’enfant de sable (1985) raconte la vie d’ahmed, en réalité la huitième fille d’un marocain qui, enragé de son destin de père de filles, décide avec le consentement de la mère de l’enfant de faire croire à tous qu’il a enfin un héritier mâle qui témoignerait de la virilité de son père. le roman, se matérialisant sous forme d'un dialogue avec un correspondant anonyme, traite donc de la question du travestisme, des raisons enracinées dans la tradition pour lesquelles ceci est pratiqué, de ses conséquences dans la vie d’ahmed travesti(e) et dans le développement de son identité. la fille, obligée de continuer à évoluer dans une identité qui n'est pas de son choix et dans un secret qui a été créé pour elle, ne peut, n’ose ni ne pense défendre son droit. l’acceptation de ce qui est imposé par le père, ou globalement parlant par la société masculine, est tellement intériorisée qu’il est hors de question de s’y opposer. ce secret, qu'elle accepte, en révèle d’autres qui font partie des non-dits de cette société : le fait que les contrats non écrits d’une société patriarcale et machiste, dépassent non seulement le droit civil, mais aussi les normes et les règles de la charia. cela dit, l’enfant –entendons par l’enfant la « fille » - n’est pas définie comme un être humain et n’a aucun droit : cette existence sera éternellement dépourvue des droits qui lui permettraient de posséder son propre corps et d’exprimer elle-même son identité sexuelle. c’est ce qui fera l’objet de la présente communication.